INTERVIEW_
MAMAN & INFIRMIÈRE PUÉRICULTRICE EN RÉANIMATION NÉONATALE
En avril dernier, lors d'un shooting pour Mamie Stella, j'ai eu l'occasion de faire connaissance avec Allison, maman de Jade, 3 ans et Jules, 5 ans. Future maman pour septembre et infirmière en réanimation néonatale, m'a confié les défis émotionnels propres à son métier. Curieuse d'en savoir plus, je suis retournée à sa rencontre pour l'interviewer et explorer comment ses émotions professionnelles se conjuguent et influencent sa vie de maman.
Pourrais-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier ?
Mon travail consiste à accompagner les parents lors de la naissance de leurs enfants nés prématurément, à soutenir leur parentalité, à les guider dans l'allaitement et les soins selon leurs souhaits. Mon objectif est de les aider à rencontrer pleinement leur enfant et à révéler tout leur potentiel en tant que parents.
Cela dépend évidemment de leurs possibilités, car dans cette épreuve, au début, il y a souvent beaucoup de culpabilité et de peur de mal faire. Une fois qu'ils se sentent prêts, à leur rythme, nous réalisons les soins à quatre mains : l'un de nous, soit le soignant, soit le parent, effectue les soins tandis que l'autre soutient l'enfant en lui apportant des limites corporelles par le toucher, nos mains, et si nécessaire, avec un lange. Ainsi, nous veillons à ce que les soins se déroulent le mieux possible et que l'enfant soit confortable.
L’accompagnement des parents dure-t-il longtemps ?
Il faut savoir que les grands prématurés passent par trois secteurs hospitaliers : la réanimation, les soins intensifs et la néonatologie. Au fil de ce parcours, la présence du soignant diminue progressivement afin de permettre aux parents de devenir pleinement autonomes et de s'occuper de leur enfant comme ils le feront à la maison. Notre objectif est de les préparer au mieux à la sortie de l'hôpital et à tout le suivi médical qui suivra."
Quand j'entends “réanimation néonatale”, je pense également à la diversité des situations auxquelles vous êtes confrontée.
Un autre aspect de notre métier consiste à accompagner un enfant en soins palliatifs, qui va malheureusement décéder pour diverses raisons. Notre rôle est également de soutenir les parents dans ces moments difficiles.
Comment vis-tu toutes ces émotions en tant que maman ?
J'exerce ce métier depuis neuf ans, donc je travaillais déjà avant d'avoir des enfants. Je considère que ce n'est pas mon métier qui a influencé mon rôle de maman, mais plutôt mon rôle de maman qui a influencé mon métier. Depuis que je suis mère, je ressens une empathie plus profonde. Ayant vécu une grossesse, je peux mieux imaginer ce que représentent les émotions liées à une grossesse écourtée ou à un accouchement inopiné à 24 ou 25 semaines. Cela me permet de mieux comprendre ce que cela implique. Je me sens donc beaucoup plus empathique envers les parents. Je me mets plus facilement à leur place et je me sens plus proche d'eux et des émotions qu'ils éprouvent en laissant leur enfant. Je superpose souvent ce que je vis en tant que maman avec ce qu'ils peuvent ressentir.
Est-ce-que tu as besoin de prendre du recul par rapport aux émotions que tu traverses dans ton travail ?
Quand je rentre à la maison, j'ai un petit sas de décompression pendant mes dix minutes de marche sur le chemin du retour. Si quelque chose m'a perturbé ou remise en question, j'en discute souvent avec mes collègues en amont. Nous avons aussi une psychologue dans notre service, nos cadres et les médecins qui travaillent avec nous pour accompagner l'enfant, donc nous pouvons en parler sur place. En rentrant à la maison, je partage quelques mots avec mon mari. Comme il ne travaille pas du tout dans ce domaine, il m'écoute avec une certaine distance, ce qui me permet de déposer mes émotions et de repartir.
Penses-tu que ton métier te permet d'accompagner les émotions de tes enfants avec plus de sérénité ?
En ce qui concerne mon métier, je pars du principe que nous sommes tous dans le même bateau et que nous pouvons nous sentir désarmés malgré notre expérience professionnelle, car en tant que parent, il est parfois difficile de garder notre rationalité face aux situations impliquant nos enfants.
“ En tant que mère, il peut m'arriver d’avoir à prendre du recul sur une situation, alors que je sais bien le faire dans mon travail. “
Encourages-tu tes enfants à exprimer leurs émotions ?
Oui, je les encourage à verbaliser leurs émotions, pour qu'ils comprennent l'importance de les exprimer clairement. Je le fais parfois avec des images ou avec la peluche Pipouette lorsqu'ils utilisent des visages pour exprimer leurs émotions. Je trouve que c'est particulièrement crucial lorsqu'ils commencent à parler, car cela leur permet de mieux comprendre ce qu’ils traversent.
Les cabanes Mamie Stella sont aussi un outil précieux pour apprivoiser les émotions. Depuis que tu utilises la tienne, comment tes enfants l'ont-ils investi ?
Au début, surtout pour mes enfants âgés de 5 et 3 ans, la cabane était principalement un jeu. Ils s'amusaient à l'intérieur, jouaient à cache-cache et créaient des parcours d'obstacles en intégrant la cabane : entrer et sortir en restant concentrés sur le jeu.
Maintenant, quand ils décident d'installer la cabane ou lorsque nous la mettons en place pour eux, elle devient plus un espace propice au retour au calme, particulièrement pour mon fils de 5 ans, où il peut passer un moment calme et se recentrer. Parfois, il ressent le besoin d'être seul pour se détendre et évacuer, et je sens qu'il se sent en sécurité dans son petit cocon.
Est-ce-que vous passez également du temps en famille sous votre cabane Mamie Stella ?
Nous utilisons aussi la cabane pour passer du temps ensemble à lire ou pour des moments de calme. Ce que j'apprécie vraiment, c'est que cela crée un espace intimiste où nous pouvons partager des moments de qualité avec nos enfants. Pour moi, la cabane est aussi l'objet idéal pour stimuler leur imagination. Par exemple, ma fille qui adore jouer avec ses poupées les installe parfois dans la cabane et me dit qu'elles font la sieste.
“ Ce que j’aime beaucoup c’est que la cabane peut vraiment servir à différents moments de la journée et s’adapter aux besoins des enfants. “
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